Cet article propose un guide pratique complet de la cueillette d’essaim à l’attention des apiculteurs débutants et confirmés, la « méthode du carton » est exposée pour l’une des configurations les plus courantes : un essaim suspendu sous une branche à hauteur d’homme.
Qu’est-ce qu’un essaimage ?
L’essaimage est le mode de reproduction des abeilles, en début de saison le plus souvent à partir de mai lorsqu’une colonie d’abeilles le décide elle quitte son nid avec la reine pour rechercher un nouvel emplacement et elle laisse sur place suffisament d’abeilles et une nouvelle reine pour créer une nouvelle colonie. Ne pas s’opposer aux essaimages c’est respecter les abeilles.
Pourquoi récupérer les essaims ?
On peut récupèrer les essaims pour protèger les abeilles du danger pour elles de s’installer dans une cheminée non condamnée, pour remplacer économiquement ses colonies perdues en hiver et enfin pour lutter contre le fléau des abeilles d’élevage qui conduit à la disparition des abeilles locales.
Qui peut cueillir un essaimage ?
Tout le monde peut récupérer des essaimages, nul besoin d’avoir la moindre expérience en apiculture et en réalité peu d’apiculteurs savent le faire. Ainsi un débutant pourra se fournir gratuitement en colonies d’abeilles et aura la satisfaction de participer à la protection des abeilles locales.
Quel est le principe de la méthode du carton ?
Un simple carton de déménagement ou d’emballage fermé constitue une cavité sombre que les abeilles recherchent en priorité. Il suffit de poser cette cavité au contact de l’essaim pour que les abeilles la découvrent et l’investissent en quelques minutes.
Pourquoi ne pas utiliser une classique ruchette ?
On peut le faire, une ruchette est une cavité sombre mais elle est lourde à manipuler et souvent difficile voir impossible à rapprocher de l’essaim, comme dans le cas des essaims en grande hauteur ou enfoui dans une haie même à hauteur d’homme. Par ailleurs le seau en plastique qu’on associe habituellement à la capture est inadapté, les abeilles essaient d’en sortir comme prises de panique et le fait de placer la ruchette à plusieurs mètres de l’essaim initial ralentit considérablement le regroupement des abeilles.
Un essaimage est-il dangereux ?
L’essaimage est une phase particulièrement tranquille et pacifique de la vie d’une colonie d’abeilles, les abeilles n’ont pas d’oeufs ni de larves à protéger, elles ne sont pas territoriales, elles volent très lentement car elles sont chargées de miel et ne risquent pas même de se cogner contre vous par erreur.
Doit-on se protéger pour cueillir un essaim ?
On doit toujours se protéger avec un habit d’apiculteur et des gants lorsque l’on cotoie de très près les abeilles, on pourra retirer les gants si l’on se sent en confiance.
Pourquoi se protéger si les essaimages sont inoffensifs ?
Les abeilles restent des animaux sauvages et imprévisibles, il existe des situations défavorables comme de confondre un essaim installé avec un essaimage, en fin de journée un essaimage peut devenir territorial et inapprochable, enfin par temps lourd les abeilles sont souvent nerveuses et agressives.
Comment trouver un essaimage à récupérer ?
Le plus simple est de s’inscrire sur les listes de cueilleurs d’essaims et en particulier sur essaim-abeilles.org pour le ou les départements vous concernant. Il est conseiller d’indiquer jusqu’à 10 communes couvrant son secteur.
Comment cela se passe-t-il ?
Une fois inscrit on surveille son téléphone car les découvreurs d’essaims sont souvent inquiets et donnent rarement une seconde chance à l’apiculteur sur répondeur. On demande à quelle hauteur se trouve l’essaim et il convient de s’engager à intervenir immédiatement, ne pas hésiter à demander une photo de l’essaim.
Quand se méfier d’un signalement ?
A partir de juillet de nombreux appels correspondent à des guêpes, il faut alors demander une photo des insectes.
Que répondre s’il s’agit de guêpes ?
Les guêpes ne sont ni utiles ni nuisibles et méritent notre respect au même titre que les abeilles, il convient de conseiller au propriétaire de les ignorer. Parfois le nid sera trop près de l’habitation et le propriétaire insistera pour les faire détruire, on pourra alors et seulement dans ce cas conseiller les services d’un destructeur professionnel de sa connaissance.
Que répondre s’il s’agit de frelons ?
Les entomologistes considèrent que les frelons européens ou asiatiques sont des grosses guêpes, on devrait donc logiquement les traiter avec le même respect que les guêpes et tous les autres insectes. Faire détruire un nid de frelons asiatiques ne changera pas significativement la situation des ruches au voisinage.
Quelles interventions accepter ?
Pour les débutants il est important de se limiter aux essaims à hauteur d’homme suspendus à une branche, par chance cette configuration est fréquente. On transmettra le contact à un apiculteur plus expérimenté pour les essaims moins accessibles.
Quelles interventions refuser ?
Les essaims installées dans les cheminées ou emmurés doivent être évités à moins que vous ayez des idées personnelles à faire valoir pour ce type de récupération réputé quasiment impossible.
Quid des essaims arrivés le jour même dans une cheminée non condamnée ?
On ne pourra pas récupérer l’essaim mais il existe une méthode très fiable pour faire fuir l’essaim. Conseiller de faire un petit feu de carton et d’herbe fraîche (pour obtenir de la fumée froide) dans la cheminée et le faire durer aussi longtemps que possible, jusqu’à une demi-heure ou une heure. Très souvent les abeilles quitteront la cheminée le lendemain vers midi.
Comment récupérer un essaim suspendu à une branche ?
On place le carton sous l’essaim et on le remonte pour l’englober, on secoue la branche brusquement une fois de haut en bas ou plusieurs fois de gauche à droite pour y faire tomber les abeilles. On referme rapidement et sommairement les pans du carton, on pose le carton au sol et on séloigne de quelques pas. On laisse les abeilles se regrouper deux ou trois minutes et on observe que des abeilles battent le rappel sur le carton.
Battre le rappel qu’est-ce que c’est ?
Les abeilles pointent l’arrière vers le haut et battent des ailes, elles ventilent ainsi des phémonomes signal pour les autres abeilles qu’il faut les rejoindre.
Peut-on utiliser de la fumée pour récupérer un essaimage ?
Dans la première phase de la récupération c’est une mauvaise idée car on risque de faire fuire l’essaim ou au minimum de perdre le bénéfice du rappel par les abeilles. En fin de récupération certaines abeilles refusent parfois de voler quoi qu’on fasse, la fumée peut alors les forcer à se déplacer pour aller dans la direction du carton.
Peut-on utiliser une balayette pour déplacer les abeilles ?
Les abeilles qui se coincent dans les poils de la balayette attaquent immédiatement, c’est donc a priori une mauvaise idée de l’utiliser. Pourtant dans la dernière phase de la récupération il est très efficace de balayer les dernières abeilles pour les faire voler et les faire rejoindre le carton. Une solution consiste à modifier la balayette pour n’avoir que de lignes de poils séparées dans lesquelles les abeilles ne peuvent pas se prendre.
Comment terminer la récupération ?
On entrouvre le carton en laissant deux ou trois pans fermés, on place le carton à l’endroit et à la hauteur de l’essaim initial et on secoue les branches pour faire voler les dernières abeilles. Elles se reposeront en priorité dans le carton grâce aux abeilles qui battent le rappel.
Laisse-t-on des abeilles sur place ?
S’il est possible de laisser le carton jusqu’au crépuscule on emporte jusqu’à la dernière butineuse, cependant en pratique on doit souvent quitter les lieux bien avant et on laissera quelques dizaines d’abeilles sur place.
Que deviennent les abeilles laissées sur place ?
Il est admis que les butineuses sont capables de retourner à la ruche d’origine, les ouvrières ne le pourront normalement pas mais si l’on revient le lendemain on constate que l’on ne laisse pas plus d’abeilles que le second bond d’un essaimage.
Comment éviter que trop d’abeilles reviennent à l’emplacement de l’essaim après notre départ ?
On peut sprayer du vinagre de cidre mélangé avec de l’eau sur l’emplacement de l’essaim lorsqu’il n’y a plus abeilles, cela servira de répulsif pour les butineuses oubliées.
Comment transporter le carton d’abeilles sur son rucher ?
On peut simplement placer le carton dans le coffre de la voiture sans le fermer hermétiquement, les quelques abeilles qui en sortiront voleront contre la lunette arrière du véhicule. On pourra recouvrir le petit carton d’un gros carton chapeau ou bien déposer le petit carton dans un grand carton et le recouvrir d’un drap empêcher la sortie d’abeilles.
Et pour plus de sécurité dans la voiture ?
On peut fixer une caisse en bois (un corps de ruche Dadant peut faire l’affaire) dans le coffre de la voiture, fermable hermétiquement comme une ruchette et y placer le carton d’abeilles. On obtient ainsi le même niveau de sécurité qu’avec une ruchette classique et quoi qu’il en soit il est de la seule responsabilité de chacun choisir un moyen de transport de l’essaim.
Comment transporter les abeilles dans une ruchette tout de même ?
Il suffit d’attendre que le regoupement des abeilles soit terminé dans le carton puis de verser les abeilles depuis le carton vers la ruchertte par le dessus, comme on le fera dans la ruche cible à l’arrivée sur le rucher.
Doit-on garder son habit pendant le transport des abeilles en voiture ?
Oui, même s’il n’y a aucun danger en pratique.
Comment transférer le carton d’abeilles dans une ruche ?
De retour au rucher on transfère l’essaim dans une ruche par le dessus. Pour ce faire on pose le carton ouverture sur le côté sur la ruche sans toit ni couvre-cadres. On ouvre un pan du carton recouvert d’abeilles, on tape une fois brusquement sur le haut du pan pour faire tomber un paquet d’abeilles sur les cadres et on les laisse découvrir la ruche. Dès qu’elles commencent à battre le rappel on recommence l’opération une ou pludieurs fois avec un les autres pan du carton. On referme le carton, on tape sur un côté pour décoller les abeilles des parois et on verse des paquets d’abeilles sur la ruche. On met le carton de côté sans s’inquiéter des abeilles restantes, on attend que les abeilles descendent dans la ruche et on peut poser une grille à propolis sur le monticule d’abeilles formée au dessus de la ruche.
<Ã continuer>